La Paralysie du Sommeil

   La paralysie du sommeil (abrégé ici par PS) désigne un trouble du sommeil souvent très angoissant durant lequel on réalisera que l'on est totalement immobilisé.

Dans le cas "classique" on se réveille dans son lit (ou plutôt on croit se réveiller) mais lorsque l'on tente de bouger on s’aperçoit avec effroi que l'on n'y parvient pas. On est paralysé ! C'est alors que les choses peuvent tourner au vinaigre. On pourra avoir l'impression de sentir une présence dans la pièce, peut-être même voir passer une ombre ou carrément des petits extraterrestres gris ! Bref ça peut facilement tourner au cauchemar puissance dix !

Cependant cet aspect effrayant n'est pas systématique et l'impression que l'on va rester bloqué là à vie est souvent le seul aspect angoissant de l'expérience. En fait, seuls 5% des cas rapportent des hallucinations angoissantes complètes, c'est à dire des hallucinations à la fois visuelles et auditives d'un intrus, avec sensations d'écrasement ou d'étouffement, etc.

Une fois que l’on sait que cet état ne présente absolument aucun risque, tout l’aspect cauchemardesque s’efface et il devient même possible de transformer cette paralysie pour en faire un rêve lucide. C’est même pour certains la méthode principale pour faire des rêves lucides. Si bien qu’être fréquemment sujet aux paralysies du sommeil n’est plus une malédiction mais une bénédiction !

Il ne faut pas confondre la paralysie du sommeil en tant que trouble du sommeil, c'est à dire ce rêve étrange décrit plus haut, avec l'atonie musculaire du sommeil qui elle désigne le processus qui maintient notre corps inerte durant notre sommeil. Ce qui nous empêche de bouger ou de marcher en dormant ! Par abus de langage on peut lire un peu partout sur Internet le terme "paralysie du sommeil" comme désignant l'un et l'autre. Or, l'atonie musculaire et la paralysie du sommeil désignent deux choses différentes.

  • Qu'est-ce qui se passe ?
   La paralysie du sommeil peut se produire au réveil ou bien à l'endormissement (bien plus rare). Elle s'explique par un "bug" lors du passage entre la veille et le sommeil. L'atonie musculaire du sommeil est encore là mais le rêveur est conscient, il pense s'être réveillé et prend conscience de cette absence de tonus musculaire. Il réalise qu'il est paralysé !

Le cas le plus édifiant serait celui d'une PS faite lors d'une sieste en journée avec les yeux ouverts.
Imaginons un rêveur qui fait sa sieste.
Si à un moment il entrouvre accidentellement les paupières il va alors voir la pièce dans laquelle il dort. L'image réelle de la pièce va s'imposer à celle du rêve, elle va l'effacer. Il peut alors réaliser où il se trouve, cependant il ne se réveille pas pour de bon. Même s'il pense être réveillé il ne l'est pas vraiment. L'atonie musculaire continue d'immobiliser ses membres, il réalise qu'il est paralysé. Même si l'image réelle de la pièce s'est imposée sur celle du rêve, la "fabrique à rêve" est encore en marche et peut s'y mêler (surtout si les yeux se referment ou qu'il fait sombre), ce qui apparaîtra comme une hallucination plus ou moins dérangeante qui pourra être visuelle, auditive, corporelle ou autres.

Ce cas est pratique pour expliquer la mécanique du phénomène mais il n'est pas l'unique cas possible. Certains rapportent avoir eu des PS avec les yeux ouverts et d'autres avec les yeux fermés. Et la PS même si elle survient facilement en journée peut tout aussi bien se produire la nuit.

  • Les hallucinations
   Même si l'on pense être réveillé, la PS reste un rêve, étrange et bizarre mais un rêve quand même. De la même manière que la peur en rêve tend à faire apparaître des monstres et des menaces, l'appréhension et la panique dues au fait que l'on est paralysé tend à produire des hallucinations effrayantes. Mais, comme dit plus haut, seulement 5% des cas rapportent des hallucinations angoissantes complètes.

Les hallucinations qui peuvent être associées à une PS peuvent être de nature très diverses, visuelles, auditives, corporelles ou autres. Une liste exhaustive serait beaucoup trop longue … Les croyances personnelles influencent également le contenu de ces hallucinations. Un religieux sera plus facilement victime d'un "démon" et un amateur de science-fiction se fera plus facilement kidnapper par des p'tits gris !

  • Est-ce dangereux ? Est-ce symptomatique ?
   En soi la PS ne présente aucun danger. Elle peut par contre être psychologiquement très perturbante surtout si elle est associée à des croyances effrayantes et que le rêveur en ignore l'explication clinique.

La plupart des paralysies du sommeil se produisent chez le sujet sain. Elle est parfois associée à la narcolepsie (20 à 40% des narcolepsies manifestent ce symptôme). Dans ce cas, la paralysie du sommeil se produira généralement à l'endormissement.

  • Statistiques
   La fréquence varierait en fonction du groupe ethnique. Diverses études ont établi que 25 à 60% de la population générale l'expérimenteraient au moins sous une forme légère une fois dans la vie, seuls 0,3 à 6,2% des cas l'expérimenteraient de façon régulière. La PS apparaît quelque soit l’âge et le sexe, avec cependant un pic statistique à l’adolescence (autour de 17 ans). Il est possible que le dérèglement des heures de sommeil, plus fréquent à l’adolescence, explique cela.

  • Facteurs favorisants
   Dormir sur le dos, le manque de sommeil, des horaires de sommeil irréguliers (en particulier les siestes dans l'après-midi) , le stress, le surmenage sont susceptibles d'en favoriser la venue. Pour limiter la fréquence de ces crises il vaut donc mieux dormir sur le ventre et à heure fixe.

  • Folklore
   Par le passé on pensait qu'elles étaient provoquées par des esprits, des démons ou des morts. Les Romains appelaient l'esprit responsable "incubus". Au Moyen-Âge, les chrétiens ont repris ce terme en lui associant une connotation sexuelle (qui pourtant dans les statistiques actuelles est peu fréquente).

L'image populaire se représentait un petit démon, elfe ou autre, le plus souvent nommé "mar" qui s’asseyait sur la poitrine du dormeur.

Le Cauchemar, de Henry Fuseli (alias Johann Heinrich Füssli), 1781

C'est d'ailleurs cela qui a donner le mot "cauchemar" qui vient du vieux picard : "cauquemare", composé de "cauque" signifiant "presser, fouler" et de "mare" désignant un esprit de la nuit ou un fantôme nocturne. Plus tard le mot cauchemar désignera l'ensemble des rêves effrayants en général.

Aujourd'hui la PS se retrouve encore souvent liée à des croyances paranormales (sortie de corps, projection astrale, apparition de fantôme). Et elle est également la suspecte N°1 pour la grande majorité des cas d’enlèvement extraterrestre.

  • Pour stopper une PS ou pour la dévier vers un rêve lucide :
   Pour se débloquer d’une paralysie du sommeil plusieurs solutions sont possibles.

Les extrémités étant souvent encore un peu mobiles on peut chercher à bouger ses doigts, puis sa main et enfin son bras avant de se débloquer entièrement. La langue reste également encore mobile et de la même manière on peut chercher à l’agiter pour se réveiller.

L’atonie musculaire responsable de cet état ne touche pas la respiration. Heureusement d’ailleurs, sinon nous risquerions l’asphyxie chaque nuit ! Les sensations de respiration difficile que l’on peut avoir lors d’une PS sont en fait des hallucinations. On peut donc exagérer la respiration ou tousser pour se débloquer.

La paralysie du sommeil est un phénomène "auto-bloquant". C'est en cherchant à bouger que l'on se bloque. Dans les PS angoissantes lorsque l’on ne cherche pas à se lever à tout prix il y aura souvent quelque chose qui incitera à se lever, par exemple un intrus est rentré dans la maison, le téléphone sonne, la radio est à fond, etc...Or, cet élément est toujours faux ! Il fait partie du rêve et alimente le mécanisme auto-bloquant.
En arrêtant de forcer, en ne cherchant pas à bouger à tout prix, le scénario du rêve (avec nous en mouvement à l’intérieur) finit par reprendre le dessus. Il devient alors beaucoup plus simple de mettre fin à la PS ou de la faire dévier vers un rêve lucide. D’ailleurs sachant que la paralysie du sommeil n’est pas dangereuse, que l’intrus éventuellement perçu n’est pas réel et que l’on finira par se réveiller de toute façon, cette dernière option (profiter d’une PS pour partir vers un rêve lucide) est de loin la plus intéressante.

Le plus simple est sans doute de chercher à rouler hors du lit ou de se lever d'un grand coup ! Cela peut sembler paradoxal puisque nous sommes paralysés, mais en le faisant d'un coup d'un seul, le rêve est pris de vitesse et se retrouve obligé de nous fabriquer un faux corps. Bref on se retrouve debout ou à quatre pattes dans son rêve.

Une autre option consiste à se visualiser en train de se lever (ou autre), et partir vers cette imagination.

On peut aussi laisser venir les ressentis cénesthésiques (corporels), tels que l'impression de flotter, de chuter dans le vide, de tourner sur soi-même ...etc... et chercher à les amplifier. Quelle que soit la méthode utilisée, il est vivement conseillé ensuite de s'éloigner (dans le rêve) du lieu où l'on dort car cette proximité a une forte tendance à rendre le rêve sombre et les gestes difficiles. Si cela vous arrive il suffit de vous éloigner de ce lieu pour remédier au problème.

Pour plus d'information concernant les PS vous pouvez consulter ce sujet de notre forum :
La paralysie du sommeil (généralité) ou celui ci Stopper une PS ou partir vers un RL.